PORTRAIT
Créateur de bandes dessinées jusqu’à ses 30 ans, Cédric Roulliat, s’est naturellement tourné vers la photographie, fasciné par les formes populaires de narration comme le cinéma, le roman-photo ou la publicité. Né en 1973, Cédric Roulliat est autodidacte. À 17 ans, il trouve dans le grenier le matériel de son grand-père : un Canon argentique, des optiques et un agrandisseur made in 70’s. Les modèles de Cédric Roulliat apparaissent dans des scènes reposant essentiellement sur des figures féminines de désir, de solitude ou de folie, pantone émotionnel standardisé des séries B hollywoodiennes. Des situations incongrues ou des clichés, flirtant avec l’absurde et la démence dans un univers normalisé, stéréotypé. Ici, l’image arrêtée laisse entrevoir une histoire plus ample, il y a un avant et un après, un passé et un futur, telle une énigme à résoudre, un puzzle à compléter, une série à suivre. Entre l’imagerie de Guy Bourdin, l’univers d’Alan Moore, et la plume de B.E. Ellis, ses scènes artificiellement conçues sont également un hommage à l’âge d’or hollywoodien, influencées par le fantastique, le classicisme américain, la série noire, ou les frères Grimm. La composition est inversée face aux modèles classiques, les hommes deviennent des objets face à des femmes à la testostérone exacerbée, pour un rendu plus troublant. L’homme est objet de désir, un Ken en plastique artificiel.
Au-delà du rendu esthétique et de l’émotion sous-jacente, le credo de Cédric Roulliat réside dans sa volonté d’interpeller le spectateur, de le faire s’interroger, de l’emmener vers un sentiment d’étrangeté et d’interrogation. Avec une charge sensuelle palpable et vibrante, l’image a une fonction narrative, elle sublime et expose. Chez lui, l’utilisation du nu permet de tirer l’image vers une dimension intemporelle et symbolique. Cédric Roulliat est en train de monter une pièce de théâtre, « ultra-Girl contre Schopenhauer », qui sera jouée à Lyon en février 2017, avec les comédiens Sahra Daugreilh, Laure Giappiconi et David Bescond. En parallèle, il continue sa recherche éternelle de lieux graphiques servant de décor à ses nouvelles mises en scène. Il prépare également la sortie d’un livre regroupant son travail des dix dernières années.