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PORTRAIT


BJ et Richeille Formento se sont rencontrés en 2005. Né à Honolulu en 1964, BJ arrive à San Francisco en 1982 pour y faire un BFA photographie à l’académie des arts. En 1999 il part pour New York et devient assistant pour les plus grands photographes : Mary Ellen Mark, Richard Avedon ou encore Annie Leibovitz. En 2001, il se lance en tant que photographe freelance. Richeille est née à Londres en 1975 et après des études d’art et de design elle devient directrice artistique et designer pour les plus grandes marques ainsi que pour des labels indépendants.

 

Mariés trois mois après leur rencontre, BJ et Richeille associent leurs talents et conjuguent alors photographies commerciales et photographies d’art. En raison de la récente crise économique, le duo Formento décide de réaliser une collection plus personnelle avec «Circumstance», représentation cinématographique tragico-romantique du temps. Le projet est à la fois cynique et envoûtant, explorant les questions de l’identité et de l’état transitoire des personnes et des lieux. L’initiative du projet est brusque et soudaine, bien que le concept soit réfléchi. En novembre 2009, le couple Formento décide de faire ses bagages, de rassembler les trois chats siamois dans une Silver Air Stream de 8 mètres de long, le Caravanning stéréotypé made in US, futur-retro post quelque chose, et de foncer à toute berzingue, comme une échappée, faire la traversée de la patrie d’Oncle Sam, sorte de fuite en avant, tout comme leurs modèles, dont Richeille fait les autoportraits. Là commence l’épopée, un roman d’aventure cross-country épique. Avec un budget minimum, le plan est clair : 5 mois, 25 états et 50 femmes. Leur objectif n’étant pas seulement de réaliser des photographies mais de jouer avec la fine frontière entre le mercantilisme et l’art avec une conscience sociale accrue. Le projet évolue en marge de la réalité et de la fiction dans un montage singulièrement hybride.

Avec Google Map en guise de Routard, les deux embrassent la route, s’attachant aux détails, aux endroits, rencontrant des femmes pour les photographier le jour même. Bien que les images soient des mises en scène, la trame de fond ne pouvait pas être plus réelle. Par leur travail, les artistes rendent hommage à la cinématographie de Hitchcock, influencés par la photographe féministe Cindy Sherman et le peintre réaliste Edward Hopper. Quand l’objectif de BJ se focalise sur les yeux de l’ (anti)-héroïne, Richeille construit l’intégration et l’évolution du personnage dans le paysage. Ensemble, ils développent l’histoire cachée des demoiselles hitchcockiennes en détresse, retraçant les sentiers emblématiques du pays de la liberté, affichant la maîtrise de l’ajustement de la lumière. Une lumière glaciale et blafarde pour lier la solitude à l’introspection, sur fond de paysage américain moderne. Bien que l’emplacement et la protagoniste soient spécifiques à chaque cliché, la tension rendue par l’appareil est constante. Chaque image contient une tension émotionnelle qui semble dépasser le cadre de l’image, comme un cri de psychose et d’effroi d’un polar noir tout en suspense. « Nous voulions vraiment photographier quelque chose qui a frappé le public, nous avons traversé des terres dans un fond de récession où les gens avaient perdu leur maison, leur famille ...»

INTERVIEW EXCLUSIVE

 Qu’est-ce qu’une bonne photo pour vous ?
BJ : Dans nos travaux personnels, il est un moment où l’éclairage, l’emplacement, le style, le maquillage et l’expression des modèles sont tous réunis pour un instant éphémère et fugace. Nous ne recadrons jamais les images, ni ne faisons trop de retouches en post- production. Je suis un gars de la vieille école et je crois qu’une bonne photo doit déjà être dans l’appareil photo. Pour nos travaux plus commerciaux, une bonne image, c’est celle définie par Greg Heisler (photographe de portraits, auteur de nombreuses couvertures du Times, ndlr) « c’est quand vous regardez le sujet à portée de main d’un côté et les attentes du client de l’autre, et que vous donnez une réponse appropriée photographiquement. »
Richeille : C’est celle qui fait naitre de nombreuses questions chez le spectateur.

- Comment fonctionne votre partenariat ?
BJ : Très homogène, nous sommes mari et femme c’est donc un véritable partenariat dans tous les sens. Nous aimons voyager, nous aimons la photographie, nous parlons constamment des endroits qui nous intéressent et comment nous pouvons nous lier à un projet qui nous représente le mieux à ce moment précis. Richeille va commencer avec des idées mode, une palette de couleurs, du maquillage et le ton général de l’image. Je fais de la photographie et de l’éclairage. Mais honnêtement, nous sommes si étroitement liés que notre « partenariat Möbius »* n’a ni commencement ni fin.
Richeille : Le dicton affirme que deux yeux valent mieux qu’un, eh bien, nous apportons chacun le nôtre au travail que l’on réalise. BJ a sa propre vision et ses idées, et j’ai la mienne, nous partageons des similitudes dans le goût donc le chassé croisé d’idées fonctionne assez pour jouer avec deux idées et ce de
façon harmonieuse. L’avantage est qu’il y a toujours deux côtés à jouer dans une seule image de sorte que vous pouvez voir beaucoup dans ce que l’image raconte, et derrière ces deux côtés, il en est un troisième qui vient parfois de nulle part, juste par le croisement simple de deux esprits au travail.

- La faute de goût ultime, pour vous, c’est quoi?
BJ : Très bonne question, pour moi, c’est quand une image n’est que technique. Bien sûr, la technique fait partie de la photographie et joue un rôle majeur, cependant, elle ne devrait pas être au cœur de notre travail.
Richeille : Les gens prétendant tout savoir et qui généralisent sur une image sans pour autant connaître l’artiste.
- Retrouvez la suite de Formento + Formento dans Normal Magazine n°1, n°6 et n°10 -
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