PORTRAIT
On ne présente plus François Rousseau, le célèbre photographe français reconnu notamment pour ses calendriers des Dieux du Stade, les joueurs de rugby dans leur plus simple appareil. Cependant, l’association demeure réductrice. Au-delà du photographe publicitaire, François est un artiste polyvalent et prolixe dont les travaux les plus personnels et les plus artistiques restent les plus fascinants et les plus spectaculaires, tant dans leur esthétisme que dans la recherche qui en découle.
François Rousseau est originaire de Clermont Ferrand et vit désormais à Paris. Après des études d’Art et de Communication, il arrête subitement la peinture en 1994 pour se consacrer exclusivement à la photographie. Depuis, il a su alterner la photographie de portraits, de mode ainsi que des projets plus artistiques. Ces dernières années et parallèlement à la photographie, il explore la vidéo et a pu réaliser quelques courts métrages dont un documentaire sur les coulisses du sport. Son inspiration, il la puise chez les athlètes de haut niveau, les danseurs et les sportifs, là où les corps sont marbrés et dessinés.
INTERVIEW EXCLUSIVE
Pourquoi le nu ?
Le nu reste fondamentalement lié au désir, et quand le désir envahit tout, il ne permet pas de penser. Dans certains de mes projets, j'ai mis à distance le désir, et c'est seulement dans ces cas là que j'ai pu faire les plus belles images. Lorsque le désir était plus flagrant, quand il me dirigeait, les photographies étaient beaucoup moins fortes. Mon travail sur le nu est beaucoup lié à la volonté de montrer la force du corps. Je suis fasciné par la force et pourtant j'aime montrer la fragilité. Beaucoup de femmes ont aimé mes photos car il y a cette forme de sensibilité. Dans certaines photos ils sont doux, quasi fragiles. Donc pour répondre simplement : une fascination pour la force.
Et Photoshop dans tout ça ?
La photographie c'est capter la vie, le modèle du peintre est statique, on est dans un acte où la personne vient se mettre à nu, se déshabiller dans un lieu bien spécifique. Chez Lucien Freud ou Francis Bacon pour ne citer qu'eux, les nus se faisaient que dans un lieu unique. Le nu en peinture est lié à l'atelier, même s'il y a eu des nus faits dehors. La plupart étaient du montage, tout comme Photoshop aujourd'hui. Flandrin quand il a peint son nu "Jeune homme nu assis au bord de la mer" l'a fait dans sont atelier à Paris et après il a recréé la mer derrière mais en fin de compte c'est un trucage, la peinture était le trucage. On nous ennuie avec Photoshop maintenant, 'c'est un scandale, on fait du faux". Mais l'ancêtre de Photoshop c'est quand même la peinture à l'huile ! Les artistes ont toujours cherché à embellir le vrai, la réalité. Quand Napoléon posait sur son cheval pour David, il demandait à être retouché ! Tout cohabite dans la photo, les images les plus réalistes, brutes et les images les plus travaillées, mais cette diatribe contre Photoshop je trouve ça absolument ridicule ! Je retouche énormément, et cela même quand je shootais à l'argentique. Il serait préférable de dire que je compose. "Atelier" est tellement composé que ça en devient de la peinture. Photoshop en fin de compte c'est la possibilité de recomposer, de mixer des portions d'images. Mais hélas, mal utilisé, ça donne des peaux comme du plastique, là est le problème.
- Retrouvez la suite de François Rousseau dans Normal Magazine n°4 -