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PORTRAIT


Martial Lenoir est un photographe né en 1971, qui vit et travaille à Paris. Il vient tout récemment de quitter son atelier de Pantin, situé dans une vaste friche industrielle, un lieu à l’effigie du personnage. Il découvre la photographie à ses trente ans, « par hasard », et acquiert alors son premier appareil, un Mamiya RB67, qui ne le quittera plus. Ses trois premières séries, La loge des rats (pour laquelle il sort primé au Festival Européen de la Photographie de Nu d’Arles, en 2009), Les Garçonnes et Reflets du désordre, sont des mises en scène minimalistes approfondies et étudiées où l’esthétique du boudoir est exacerbée. Le modèle est nu, arborant corsets, boas, perles et jarretières, affichant une pose délicate et active. Chez Martial, le modèle ne sourit jamais, la beauté est froide, diaphane, glacée, comme pour lier la solitude à l’introspection, à l’instar de sa lumière : constamment naturelle.

 

Comme un tableau précieux, l’instant semble capturé, mais sans aucune tension dramatique. Désormais, Martial réalise de nombreux tests pour des agences et se développe dans la mode. Mais ici, pas d’ornements excessifs ou de mises en scène opulentes et saturées. Place au brut : la femme est sublimée naturellement, sans artifice. Elle est magnifiée par sa simple beauté et dans son simple appareil. Au fur et à mesure de ses créations, les accessoires s’évaporent pour laisser libre cours à la nudité primitive. Sa dernière série, «béton», en est le témoin privilégié, tant par l’impact cognitif de l’intitulé que par le résultat brut. Martial est un photographe prolifique et passionné, un amoureux du polaroid, de son traitement, de ses nombreuses techniques et déclinaisons. Il a étrenné le boitier instantané pendant plusieurs années consécutives, pour déboucher, ainsi, sur ce résultat des plus soignés.

INTERVIEW EXCLUSIVE

Ton principal trait de caractère ?

Bosseur, hyper bosseur. Quand quelque chose me plaît, je peux bosser comme un fou. Sur la loge, j’ai bossé 3 ans à raison de 3 à 4 séances par semaine. Quand j’étais à l’école photo, la journée je faisais du tirage, et la nuit j’avais monté un labo et je continuais de faire du tirage jusqu’à 4 ou 5h du matin. Donc bosseur … quand ça me plaît.

 

Celui dont tu es le moins fier ?

L’orgueil ! L’orgueil très mal placé.

 

Celui que tu détestes chez les autres ?

Le manque d’humilité (Rires). Et le manque d’humour, je ne supporte pas les gens trop sérieux, qui manquent d’humour.

 

Pourquoi le nu ?

Quand j’ai commencé à faire de la photo, je me suis dit que je ne ferai jamais de nu. J’avais vu tout ce qui se faisait en nu, il y avait des maîtres du nu et en dehors d’eux tout ce que je voyais était ennuyeux, répétitif, et il s’agissait la plupart du temps juste de filles à poil pour être à poil. Puis est venue ma série de la loge des rats. J’ai trouvé un lieu, puis des idées pour mettre en scène des personnages. Quand je commence une série je ne sais jamais comment ça va se finir. Dans le livre « la loge » il y a eu des photos très habillées et d’autres très nues que je n’ai pas gardées car elles étaient moins émouvantes. La toute première photo de la série était celle d’une stripteaseuse. Elle a donc voulu poser nue. Je l’ai faite dans la loge, d’où « La loge des rats » et c’est en voyant cette première photo que j’ai continué à en faire dans ce lieu. J’ai commencé à découvrir la lumière sur les corps, et la lumière sur le nu, c’est extraordinaire. Et la réaction des filles quand elles se déshabillent, il y a une émotion complètement différente ! Cette émotion m’a intrigué. Mon travail maintenant est orienté nu, et je le revendique. C’est pour ça que je suis connu.

- Retrouvez la suite de Martial Lenoir dans Normal Magazine n°5, n°6 et n°10 -

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